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Scène 11
Scène 11 : Les sirènes , Charybde et Scylla
Équipe violette
(ELIAS)
11-Les sirènes, Charybde et Scylla
Euriloque tourne autour d'Ulysse, cordage à la main, pour l'attacher au mât du bateau.Plusieurs tours ont déjà été faits.
EURYLOQUE- Donc, qu'on récapitule tout ce que Circé t'a dit, hein.On va passer par un coin où des nanas à moitié nues et des ailes, qui vivent sur une île remplie d'ossements, vont chanter pour essayer de nous bouffer, et ensuite on devra choisir entre une créature qui va tous nous bouffer d'un coup en avalant la mer tout entière et une autre avec six têtes et des moignons à la place des
jambes...Normal...Qui, elle, va nous bouffer chacun notre tour, c'est bien ça?
ULYSSE-Pour la quatrième fois: ouais.Bon, tu finis de m'attacher à ce mât oui ou mince ?
EURYLOQUE- Et j'imagine qu'il y en a une des deux qui est géante, hein? C'est laquelle la géante ?
ULYSSE-Les deux...
ALKINOOS- Rhoooooooo, mais enfin non... Ulysse, c'est pas possible, tu es complètement monomaniaque !Enfin bon, continue ton histoire, mais franchement là plus personne ne te croit...
EURYLOQUE- Mais pourquoi on fait ça, en fait ?Je veux dire, on pourrait très bien rester ici et se bouffer entre nous, au fond ça ne changerait pas grand-chose et ça resterait dans la famille...
ULYSSE- Pour rentrer chez nous ! Tu n'as pas envie de revoir Ithaque ? Tes enfants ? Ta femme ?
EURYLOQUE- Ben tu sais, moi, ma femme…
ULYSSE-Hé, ho, mollo, c'est de ma soeur dont tu parles !
ELPENOR- Moi ce que je ne comprends pas , c'est pourquoi toi tu veux écouter les sirènes alors que nous, on doit se boucher les oreilles ?
(ALEX)
ULYSSE- Parce que c'est moi le chef ! Ça te va comme explication ? Non mais c'est vrai, quoi, j'ai le droit d'écouter les sirènes? C'est qui le roi ici ? On ne va quand même pas tout discuter tout le temps, quoi ! Allez, finissez de vous remplir les esgourdes de cire, on ne va pas tarder à arriver chez elles.
ALKINOOS- Et alors, à quoi ressemblait leurs voix ?
ULYSSE- C'était le chant le plus mélodieux que j'aie jamais entendu ! J'aurais voulu pouvoir me jeter a l'eau et les rejoindre à la nage pour les écouter encore et encore... Aujourd'hui avec le recul, ça ressemblait plutôt à un banc de femmes assises sur leur rocher qui criaient...
LES SIRENES- Salut mon gros loulou ! Viens nous voir, beau brun, on est nombreuses et pleins de talents ! Y'a la belle Rita qui sait frétiller des écailles sans bouger sa caudale...
ALKINOOS- Oui, je vois, nous avons une Rita aussi à Phéacie, qui sait faire plein de...(Il marque un temps, sous le feu du regard de sa femme) Euh, enfin je ne la connais pas personnellement, hein...j'ai juste entendu dire... Ahem, bon, et donc euh... Ensuite, tu es allé aux deux écueils ?
ULYSSE- Oui. Nous sommes arrivés du côté de Scylla, et nous avons continué sur ce bord. De l'autre côté on voyait Charybde vomir la mer entière. On était comme hypnotisés.
C'est alors que six de mes compagnons ont disparu autour de moi .Le temps que j'entende leurs cris, ils étaient déjà haut sur le rocher, dans les gueules de Scylla.Ils hurlaient, appelaient mon nom jusqu'à ce que la bête les déchiquette et les fasse taire... De tous les souvenirs qui m'empêchent de trouver le sommeil la nuit, c'est probablement celui-ci qui revient le plus souvent... Une fois l'écueil passé , la mer est redevenue outrageusement calme. Avec un équipage dévasté, nous étions en direction de l'île du Trident.
De retour sur le bateau.
ULYSSE- Bon allez les gars, allez, rassemblez-vous. Ça va ? Écoutez, je vous propose qu'on laisse passer l'île et qu'on se dirige directement sur Ithaque.
(GARANCE)
EURYLOQUE- Pardon ? Attends, t'es sérieux ? On est tous complètement épuisés, on réchappe depuis des mois à des monstres qui veulent tous nous bouffer, d’ailleurs pour information on vient encore de perdre six copains, je ne sais pas si tu es au courant, c'était il y a cinq minutes ! Et puis je suis désolé d'insister mais j'ai toujours pas eu de réponse valable : apparemment tout le monde veut nous bouffer !! Et là on a une île bien calme devant nous, on peut quand même prendre une nuit de repos sur le sable !
LES COMPAGNONS- Ouais, il a raison ! On a la dalle et on est crevés ! Et demain on repart !
EURYLOQUE- Regarde le ciel, Ulysse, regarde moi ce ciel ! Les dieux nous sont enfin cléments ! Et puis qu'est-ce ça va changer, juste une nuit ici ? On va pouvoir faire du feu, manger un truc chaud, ça va faire du bien à tout le monde !
LES COMPAGNONS- Ouais, du bien à tout le monde ! EURYLOQUE- Et demain à la première heure, hop on repart.
LES COMPAGNONS- Ouais, hop !
ULYSSE- D'accord, d'accord ! De tout façon le vieux schnock m'avait prévenu qu'on accosterait quoiqu'il arrive... Mais je vous préviens les gars, personne ne touche au bétail, sous aucun prétexte ! Pas un poil, même pas s'ils ont l'air appétissants ! Je suis sérieux, c'est une question de vie ou de mort !
EURYLOQUE- Oui, enfin calme toi, c'est juste du bétail, faut pas exagérer...
LES COMPAGNONS- Ouais, faut pas exagérer !
EURYLOQUE- Eh ho, ça va pas non ? Vous n'allez pas vous mettre à répéter tout ce que je dis non plus ?!
ULYSSE- Je suis très sérieux ! Tirésias m'a prévenu que si on touchait au bétail sur cette île on ne rentrerait jamais chez nous ! ?
EURYLOQUE- D'accord ! Ok, on ne touche pas au bétail ! Il commence à avoir bon dos ce Tirésias, dès qu'on n'est pas d'accord avec lui , il nous sort la carte du vieil alcoolique infirme ! Et aveugle...et mort...Bon allez les gars, direction la plage !
De retour chez Alkinoos.
ULYSSE- Évidemment, la tempête a vite repris. Au bout d'un mois sans répit , il a fallu se résoudre à chercher des vivres. J'ai rappelé
à mes imbéciles de compagnons l'importance de ne pas toucher au bétail, et de ne chasser que de petits oiseaux et des poissons.Un matin, je fus réveillé par l'odeur la plus appétissante que j'avais jamais sentie. Ils avaient abattu et cuit les plus belles bêtes, et se les partageaient pour le petit-déjeuner. J'étais comme fou !
Le lendemain matin le ciel s'est lavé, le vent est tombé; nous sommes repartis. Niveau ambiance c'était pas les férias de Delphes... De toute façon on est pas allés très loin. En quelques minutes, la tempête s'est levée de nouveau, a fracassé notre navire et jeté tous les hommes à l'eau.(Il boit à l'évocation de se souvenir.) La foudre a frappé le mât qui est tombé et a broyé le crâne d'Euryloque sous mes yeux. J'ai réussi à m'agripper au bois rugueux pendant que les flots m'emportaient...Et puis Calypso m'a recueilli. La suite, vous la connaissez.
ALKINOOS- Merci pour ton récit, merci d'avoir partagé tes peines. C'était vraiment... Géant. Tes malheurs sont terminés, héros, et ce fut un immense honneur que de t'avoir à nos côtés. Allez va, mon ami, va. Et bonne route !
Noir.